Expériences

Afrique du Sud, Eswatini et Mozambique

Tous les paysages ne sont pas merveilleux. Nous sommes parfois amenés à découvrir des facettes moins reluisantes d’un pays et de son histoire. Les guerres, génocides, massacres et autres dictatures sanglantes sont autant d’horreurs qui doivent cependant être expliquées et connues pour éviter de répéter l’histoire. Tous les pays ont malheureusement eu de sombres périodes dans leurs passés, bien que le temps soit passé ou que cela soit en partie caché par les autorités. L’Afrique du Sud n’est pas différente. À quelques kilomètres de Johannesburg, le quartier pauvre de Soweto, créé pendant les années d’apartheid, continue à exposer au monde les grandes difficultés de la vie quotidienne des sud-africains noirs. Le souvenir de cette période de ségrégation est encore bien présent, puisque l’Apartheid a duré jusqu’en 1994, et nous ressentons encore les traces de ces temps difficiles. Explorer ce quartier à pied fut une expérience unique, nous avons pu apercevoir un peu de cette vie quotidienne. Il était impossible de ne pas interagir avec les enfants, ils étaient heureux de taper dans nos mains et nous aussi ! Nous nous souviendrons pour toujours de ces sourires sincères.

Au sud du continent africain se trouve un royaume bordé de montagnes et de magnifiques savanes. Ce royaume lointain, c’est le royaume d’Eswatini, ex-royaume du Swaziland. Les descendants des Swazis y sont encore largement majoritaires et cela facilite la conservation des traditions. L’Eswatini est une monarchie absolue où les partis politiques sont interdits. Les hommes peuvent avoir de nombreuses femmes et certaines sont vendues ou peuvent être choisies par le roi, qui a une quinzaine d’épouses. Cela semble une fiction, mais c’est la réalité de l’un des pauvres pays du monde. Le pays a le triste record de plus haut taux d’infection au VIH. L’espérance de vie est de 50 ans, la moitié des enfants sont orphelins (40% sont infectés) et les Nations Unies estiment que 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Beaucoup pourraient placer ce pays dans les derniers de leur liste des pays à visiter. D’autres pensent différemment et se font un devoir d’y aller pour témoigner ou faire aider un peu. Nous avons eu la chance de passer rapidement en Eswatini lors de notre voyage en Afrique. Nous parcourions l’Eswatini en voiture en direction de Nelspruit. Nous avions décidé de suivre un itinéraire secondaire, à travers la campagne. Quand le soleil déclinait nous nous trouvions au milieu de nulle part et ne savions pas bien où dormir. Recherchant un coin tranquille où installer notre hamac et voyant une cours d’école vide, nous nous sommes approchés.

Les professeurs, qui y vivent, nous ont accueillis avec joie. Nous avons passé la soirée avec eux, autour d’un feu, entre discussions et sourires, avec notre hamac installé dans la cour de l’école. Le lendemain matin, les enfants sont entrés en classe en chantant : c’était profond et très émouvant ; triste aussi, car nous savons que beaucoup ont le VIH. Ces partages humains ajoutent une magnifique dimension aux voyages et nous permettent d’avoir une image plus complète du pays, au-delà des paysages. Notre rapide passage en Eswatini aura été une belle aventure humaine, qui nous a donné une certaine chaleur au cœur. Nous avons été très chanceux d’avoir vécu ces moments à leurs côtés.

Le Mozambique est un pays en développement et en évolution rapide. Ancienne colonie portugaise, indépendant depuis 44 ans, le Mozambique peine à atteindre une stabilité permettant d’y vivre en paix. Le manque d’infrastructures, la pauvreté, l’assainissement défaillant ou encore les conflits politiques chroniques (notamment entre le Frelimo et la Renamo) pèsent toujours sur la vie de ceux qui luttent pour vivre avec dignité.

Nous avons eu l’occasion de voyager au Mozambique pendant plus d’un mois. Nous nous déplacions essentiellement en minibus, parfois à pied, et d’autres fois en auto-stop sur les axes peu fréquentés qui n’ont pas de liaison régulière. Nous en avons de nombreux souvenirs et c’est avec plaisir que nous avons pu en sélectionner certains, pour essayer d’illustrer à quel point ce pays nous a enchanté. Nous aimerions avoir l’occasion d’y retourner un jour pour revoir tous ceux que nous avons rencontrés.

Nous sommes revenus de cette expérience avec le sentiment que la posture « ce n’est pas de ma faute » est inutile : chacun est responsable et il appartient à tous de trouver le moyen de rendre le monde meilleur.

Lors notre séjour à Balama et dans les alentours (province de Cabo Delgado), nous étions toujours très bien accueillis, avec une grande sympathie. Nous avons pu facilement camper, avec l’autorisation des chefs de village. Nous avons une fois été invité à manger chez le chef de village, accompagné du médecin local. Nous y avons goûté du phacochère ! Tous les enfants qui croisaient notre chemin étaient toujours très souriants. Ils étaient curieux, couraient pour nous suivre et prenaient nos mains : beaucoup étaient intrigués car ils n’avaient jamais vu de peau blanche. Quand nous reprenions notre marche, ils nous accompagnaient souvent pour un bout de chemin, joyeusement. Beaucoup nous demandaient de les prendre en photo, ce qui nous a permis de faire de magnifiques portraits, très vivants, spontanés et expressifs. Quand nous leur montrions ces photos, nous avions à coup sûr d’immenses éclats de joie et de rires, ce qui pour nous était la plus belle des récompenses.

Vous pouvez visiter notre galerie « Portraits du Mozambique ». Nous avons tenté de mettre en lumière la douceur des regards des enfants et des adultes pendant ce séjour inoubliable.