
Randonnée au Salar d’Uyuni
« Il n’y a pas de chemin qui mène au bonheur, le bonheur est le chemin. » Bouddha
En juillet 2015 nous avons traversé le plus grand et haut désert de sel, le Salar d’Uyuni en Bolivie. Cela dura 11 jours, pour 170 kilomètres. Au départ de Llica, des boliviens ont pu voir une vue peu commune d’un couple de touristes tirant un chariot. Pour nous, c’était le début d’une petite aventure qui se termina ensuite dans la ville de Colchani.

Pour des randonneurs un minimum préparés, il est possible de traverser cette étendue impitoyable à pied et, ce faisant, d’effectuer l’une des randonnée les plus particulières au monde. La préparation consiste surtout à organiser l’emport d’une grande quantité d’eau, car ce désert ne contient bien sûr pas une goutte d’eau potable. De plus, comme nous voulions nous laver rapidement chaque soir et ne prendre aucun risque, nous avons du emporter 150 litres d’eau (6 litres par jour et par personne pour une douzaine de jours). Comme il est impossible de charger ceci à dos d’homme, nous avons du réfléchir à l’utilisation d’un chariot. Nous voulions un modèle démontable, pour voyager en avion, et peu cher, car nous ne l’utiliseront plus après (nous poursuivrons ensuite notre voyage au Pérou). Nous avons finalement trouvé un « chariot de jardin ». Chargé au complet, l’ensemble de l’attelage pèse près de 200 kg.
Concernant les affaire de camping, une simple tente dôme suffit. Il faut cependant apporter des piquets et de quoi les enfoncer dans le sel (nous utilisions un clé à molette) car il est impossible de s’abriter du vent, qui peut parfois être assez fort. Un bon sac de couchage est recommandé car il fait assez froid, jusque -10°C dans la nuit. Nourriture, protection solaire, et trousse à pharmacie complètent logiquement ceci. Aucun matériel spécifique au Salar n’est nécessaire. Le sel n’est pas un problème car le temps est très sec et le sel comme un minéral, qui ne s’incruste pas dans les affaires. Les aspérités du sol sont suffisamment minimes pour ne pas gêner la marche du chariot.
Le Salar d’Uyuni est le plus grand désert de sel au monde. Situé dans le coin sud-ouest de l’Altiplano bolivien, il mesure 12 106 km², pour environ 100 km de large, et fait 3,656 m d’altitude. C’est un spectacle d’un autre monde, magnifique, un océan scintillant de cristaux de sel blanc s’étendant à perte de vue jusqu’aux horizons les plus bleus que l’on a connu.
Le problème majeur auquel nous fûmes confrontés fut la casse des roues et des roulements à billes du chariot. La qualité du chariot n’était sûrement pas exceptionnelle et il faut reconnaître qu’il n’était sûrement pas prévu pour une telle charge et une telle distance. N’ayant aucun outils sérieux pour réparer, il faut faire avec les moyens du bord. De plus, en essayant de répartir la majeur partie du poids sur les roues les plus saines, deux chambres à air finiront par exploser. Au final, nous perdrons la plupart de nos roulement à billes, ce qui évidement ne contribuera pas à nous faciliter la tâche pour la traction. C’est pourquoi, bien que le poids du chariot diminua nettement au fil des jours, il fut toujours aussi difficile de le tirer. Chaque matin, nous nous demandions si le chariot tiendrait jusqu’au soir. Plusieurs fois, nous avons cru après une nouvelle casse qu’il ne serait plus possible de poursuivre. Mais, de justesse et avec un peu de chance, le chariot nous suivra finalement jusqu’au bout du trajet !
Concernant la navigation, rien de plus simple : il suffit de fixer, au premier jour, un sommet de montagne loin de l’autre côté du Salar. Nous ferons juste un petit détour une fois pour passer par un « île », c’est-à-dire un petit îlot de terre aride posée au milieu de l’étendue de sel.
Quelques temps après avoir réalisé notre périple, nous avons été contacté par Alban Tessier, qui est malvoyant suite à une maladie dégénérative et qui pensait justement réaliser cette traversée, seul (avec une équipe de soutien à distance en sécurité). Il nous invita chez lui près de Nantes, pour en discuter, et nous furent très heureux d’apprendre qu’il réalisa finalement cet exploit en 2018. Nous lui tirons notre chapeau bien bas car on imagine les difficultés extrêmes auxquelles il a été confronté et qu’il a réussi à surmonter.
Nous conseillons aussi ce périple à tout randonneur organisé car il est bien plus accessible qu’il n’y parait : il suffit en fait de marcher sur un plat parfait et dans une direction unique pendant quelques jours.

Au final, nous gardons un très bon souvenir de cette randonnée.
Quel fut notre but ? Pourquoi tirer l’équipement sur un chariot ? Que cherchions nous ? À une époque où toute décision se doit d’être rationnellement justifiée, entreprendre un tel projet n’avait pas forcément beaucoup de sens. La vision d’une étendue de sel fusionnant avec un ciel incroyablement bleu fut pourtant très belle. Si peu, et pourtant, tellement.
Dans un prochain article, nous décrirons notre première randonnée en couple, en 2013 : le chemin du Salkantay, vers le Macchu Picchu 🙂